Un cheval, apparemment en pleine forme, peut être soudainement affecté par une fourbure aiguë. Ce scénario, malheureusement courant, illustre l'impact crucial de l'alimentation sur la santé équine. Un excès d'amidon et de sucre peut avoir des conséquences graves. Mais est-ce une menace universelle, ou concerne-t-il uniquement certains chevaux ?
Le métabolisme équine et l'impact du sucre et de l'amidon
Comprendre le métabolisme du cheval est essentiel pour maîtriser les risques liés à l'amidon et au sucre. Contrairement aux humains, les chevaux sont des herbivores monogastriques. Leur système digestif, adapté à une alimentation riche en fibres, est perturbé par un excès d’amidon et de sucre.
Système digestif du cheval
Le système digestif du cheval est complexe : un petit estomac suivi d’un gros intestin. L'amidon est dégradé en sucres simples dans l'intestin grêle. Un excès de sucre simple provoque une hausse rapide de la glycémie, pouvant surcharger le pancréas et mener à des complications. Des études ont montré que la capacité de digestion de l'amidon est variable selon les individus.
Impact sur la glycémie
Une alimentation riche en amidon et en sucre provoque des pics de glycémie. Chez certains chevaux, ceci déclenche une réaction inflammatoire, augmentant le risque de fourbure ou de syndrome métabolique équine (SME). Une glycémie élevée, par exemple au-delà de 100 mg/dL à jeun, peut indiquer un problème.
Conséquences d'un excès
Un excès d'amidon et de sucre peut entraîner de multiples problèmes de santé. La fourbure est une affection douloureuse et potentiellement invalidante.
- Fourbure : Rotation ou séparation des lames du pied, causant une douleur intense et une boiterie. L'inflammation est souvent liée à une hyperglycémie.
- Syndrome Métabolique Équine (SME) : Résistance à l'insuline, hyperglycémie, hyperlipidémie et obésité abdominale. Ce syndrome accroît le risque de fourbure et d'autres maladies. Le diagnostic repose sur plusieurs critères cliniques et biologiques.
- Autres problèmes : Coliques, obésité, laminite, et troubles du comportement (agitation, nervosité) peuvent survenir.
La qualité du fourrage est capitale. Un foin de mauvaise qualité, trop mûr et riche en sucre, aggrave les risques. Un bon foin contient idéalement moins de 10% de sucre.
Identifier les chevaux à risque de troubles métaboliques
La sensibilité à l'amidon et au sucre varie. Certains facteurs augmentent la vulnérabilité.
Prédispositions génétiques
Certaines races, comme les poneys et les chevaux de type cob, semblent plus sensibles au SME et à la fourbure. Des prédispositions génétiques ont été observées dans certaines lignées. L'histoire familiale est donc importante.
Facteurs morphologiques
Le poids, la conformation et l'activité physique influencent la tolérance. Un cheval obèse, peu actif, est plus à risque qu'un cheval athlétique. Un indice de masse corporelle (IMC) optimal est crucial. Un poids corporel idéal se situe généralement entre 18 et 20 % de matière grasse.
Âge et santé
Les poulains et les chevaux âgés sont plus vulnérables. Une maladie préexistante augmente le risque et exige une attention particulière à l'alimentation. Il faut adapter l'alimentation à chaque étape de la vie du cheval.
Mode de vie et entraînement
Un cheval de sport intensif aura des besoins énergétiques différents d'un cheval de loisir. Un régime trop riche en amidon et sucre pour un cheval inactif peut entraîner une surcharge pondérale. Un cheval de sport intensif nécessite un apport énergétique adapté, sans dépasser ses capacités de digestion. Une ration de 1,5 à 2 kg de foin par 100 kg de poids vif et par jour est un bon point de départ.
Alimentation faible en amidon et sucre : les alternatives
Pour les chevaux sensibles, une alimentation pauvre en amidon et sucre est recommandée. Il ne s'agit pas d'une alimentation pauvre en énergie, mais d'une alimentation plus équilibrée.
Fourrages de qualité
La base est un foin de qualité, analysé pour sa teneur en amidon et en sucre. Un foin coupé tôt, sec et vert, riche en fibres, est conseillé. On vise une teneur en matière sèche entre 85 et 90 %. Le foin de fléole des prés est une option souvent recommandée.
Compléments alimentaires
Des compléments peuvent compenser des carences potentielles. Des suppléments en vitamines, minéraux et acides gras essentiels sont parfois recommandés. La vitamine E et le sélénium sont particulièrement importants pour la santé du sabot. Un apport en cuivre peut également être bénéfique.
Autres sources d'énergie
Des alternatives à l'amidon et au sucre existent. Les huiles végétales (huile de lin, de colza), administrées avec modération, sont intéressantes. Les graines de lin, riches en oméga-3, peuvent être ajoutées en petite quantité, toujours sous surveillance vétérinaire. L'apport journalier d'huile ne doit pas excéder 100 ml pour un cheval de 500 kg.
Exemples de rations
Un cheval adulte au repos pourrait consommer 10 kg de foin de bonne qualité, 500 g de luzerne, et une petite quantité d'huile de lin (50 ml). Pour un cheval de sport intensif, les quantités sont ajustées. Un cheval de selle de 500 kg travaillant intensément pourrait consommer 15 kg de foin et 1 kg de granulés de faible teneur en amidon. L'avis d'un vétérinaire ou d'un nutritionniste équine est indispensable.
Surveillance et adaptation de l'alimentation équine
Une surveillance est indispensable pour le bien-être du cheval. L'alimentation doit être adaptée en fonction de l'âge, de l'état de santé et de l'activité physique. L'observation attentive du cheval est capitale.
Contrôle régulier de la glycémie
Un suivi régulier de la glycémie est conseillé, surtout pour les chevaux à risque. Des analyses sanguines permettent de surveiller la réponse à l'alimentation et d'ajuster la ration. Des analyses régulières, par exemple tous les 6 mois, sont souvent recommandées.
Importance de la consultation vétérinaire
La consultation vétérinaire est essentielle pour établir un diagnostic, proposer un plan alimentaire adapté et suivre l'évolution. Le vétérinaire effectuera des analyses sanguines et conseillera sur le choix des aliments et des compléments. La collaboration entre le propriétaire et le vétérinaire est primordiale.
Adaptation de la ration alimentaire
L'alimentation du cheval doit être individualisée. Elle dépend de l'âge, de la race, du niveau d'activité, de l'état de santé et de la sensibilité à l'amidon et au sucre. Une collaboration étroite avec un professionnel de la santé animale est indispensable pour un suivi régulier et une adaptation constante de l'alimentation.